Chevaux et couvertures
Le cheval et l’hiver canadien. Faut-il protéger son cheval ? |
Déjà l’été tire à sa fin, faisant place aux saisons plus froides.
Au Canada, les hivers sont longs, froids et humides. Les variations de températures peuvent être extrêmes. À l’intérieur d’une même journée, il peut tomber de la neige du verglas et de la pluie. Les humains n’apprécient pas toujours l’hiver. Aussi, la majorité d’entre nous aimons le confort de notre foyer, nos pyjamas chauds et nos grosses couvertures. Bien évidemment l’humain qui adore son cheval va essayer de lui rendre la pareille. Dès l’arrivée de l’automne, il se dépêche pour trouver une bonne grosse couverture chaude pour son cheval. Mais attendez un peu avant de sortir votre carte de crédit de votre portefeuille!
Quelques faits sont à considérer avant l’achat d’une couverture. Voyons d’abord à quoi ressemble une fourrure hivernale…
Comment s’acclimate le cheval?
Quelles sont les effets d’une couverture sur sa fourrure ?
Le cheval en santé s’acclimate rapidement aux changements de température et aux différentes saisons. En fait, depuis des millions d’années les chevaux réagissent biologiquement aux changements climatiques. Ils se sont adaptés à ces conditions et ont mis au point un système de régularisation thermique hors-pair. L’homme ne pourra jamais reproduire pareille merveille. Expliquons un peu ce système.
La quantité de lumière naturelle agit sur le système biologique du cheval et provoque des transformations physiques. À l’automne, le cheval mange plus de foin de façon à accumuler du gras. Sa fourrure devient alors beaucoup plus épaisse. Cette fourrure est constituée de deux genres de poils: les poils longs et les poils courts. Les poils courts sont doux et épais. Ils ressemblent un peu à ceux de la fourrure d’un phoque. Ces poils restent secs et servent d’isolant. Les poils de surface, eux, sont longs et ont la fonction de se débarrasser du surplus d’humidité et d’empêcher l’eau de couler directement sur la peau. Le cheval est muni de muscles de surface qui agissent pour faire soulever ces poils et laisser plus ou moins passer l’air, dépendamment du climat. Lorsqu’il fait froid, le système de régularisation thermique du cheval fait en sorte que les poils se soulèvent créant ainsi une sorte de couche isolante. Lorsque le cheval a chaud, les poils se séparent pour ainsi laisser passer l’air et ils permettent ainsi à ce dernier de se refroidir.
Il n’y a pas que les poils qui réagissent aux changements. Le système de régularisation de température du cheval a aussi un impact sur le flux sanguin. Lorsqu’il fait froid, il y a une diminution du flux sanguin à la surface de la peau du cheval, (gardant la chaleur nécessaire pour les fonctions des organes vitaux internes) Ainsi, le cheval perd moins de sa chaleur corporelle. Lorsqu’il fait plus chaud, il y a plus de circulation sanguine à la surface, permettant ainsi au cheval de se refroidir plus rapidement. De surcroît, le cheval détient des glandes sudoripares lui permettant de se refroidir aussi par évaporation. Ces changements corporels sont nécessaires. Tout comme nous, le cheval doit maintenir une température moyenne pour survivre et être en bonne santé. Pour bien fonctionner, le système thermique du cheval a besoin de stimuli naturels.
Une bonne fonction du système dépendra de la forme physique et de l’environnement dans lequel est gardé l’animal. Les couvertures ou encore le manque de mouvement (comme les chevaux gardés dans des stalles) diminue ou augmente la température interne, ce qui veut dire que le mécanisme de défense (système immunitaire) du cheval fonctionne à un rythme anormal augmentant par le fait même les probabilités d’attraper des maladies, des infections. Le cheval qui est recouvert d’une couverture a beaucoup plus de difficulté à régulariser sa température corporelle. En ayant une couverture, les muscles rattachés aux poils ne sont pas en mesure de s’ajuster (comme expliqué ci-haut) et ils s’atrophient peu à peu devenant de moins en moins efficace.
Les chevaux qui travaillent ont besoin d’une couverture ?
Hum! Pas tout à fait vrai. J’explique. Comme déjà mentionné, il est difficile pour le cheval de régulariser sa température interne s’il est recouvert. Les muscles atrophiés ne travaillent pas convenablement. Sa température corporelle peut donc devenir dangereusement élevée s’il ne peut pas se refroidir rapidement.
Un cheval recouvert n’a pas la chance de développer une fourrure hivernale en santé. Ce qui veut dire que le cheval peut avoir froid lorsqu’on lui enlève la couverture pour le monter. Il sera plus susceptible aux grippes, maladies etc.
Bien évidemment les couvertures ont leurs utilités. Elles gardent le cheval propre, nous facilitant la tâche (moins de brossage, moins de lavage.). Elles empêchent le cheval de produire une fourrure hivernale, il est donc plus beau pour les compétitions.
Toutefois, elles ne gardent pas nécessairement votre cheval en santé. Si vous voulez garder votre cheval propre pour une compétition quelconque. Il n’y a pas de mal à le recouvrir pour une journée de temps à autre. Cela n’aura pas un impact négatif sur la santé de votre cheval s’il est gardé dans des conditions convenables pour sa santé le reste du temps.
Les chevaux se soucient plus de la chaleur que du froid. En réalité, ils adorent l’hiver. Il n’y a pas de moustiques et en plus ils ont de la neige blanche dans laquelle ils adorent se rouler, se débarrasser de certaines saletés et surtout dormir sur ce matelas propre et naturel. Ils n’ont pas froid! Ils ont leurs manteaux de fourrure fait sur mesure. En leur fournissant un environnement propice, un abri et en assurant un mouvement continuel et du foin à volonté pendant les mois les plus froids, le cheval sera bien au chaud et heureux d’être dehors, et ce, 24 heures sur 24. Il n’est pas conseillé de le rentrer la nuit. Être sans mouvement pendant une aussi longue durée a des effets néfastes sur tout son système. Le cheval est fait pour bouger continuellement. Plus le cheval bouge, en meilleure forme il sera. De plus, en étant à l’intérieur pendant une période aussi longue, il ne sera pas en mesure de produire une belle fourrure fournie. Les muscles agissant sur les poils ne seront pas aussi efficaces.
Les chevaux gardés dehors 365 jours par année, 24 heures sur 24 peuvent-ils être montés? Même l’hiver?
CERTAINEMENT. Les chevaux sont dans leur environnement naturel dehors. Ils vont très bien s’adapter. Après avoir été monté, le cheval qui a eu un peu chaud va tout simplement se rouler dans la neige. Ceci aura pour effet de faire gonfler ses poils. Ses muscles vont travailler en conséquence et faire en sorte que la fourrure sèche rapidement. De toute façon, s’il fait froid, le cheval sera en mesure de travailler pendant un bon moment avant d’avoir trop chaud. Évitez de le brosser lorsque les poils de surface sont humides afin d’éviter d’écraser les poils et de tremper sa peau. Le cheval sera alors en mesure de sécher beaucoup plus rapidement. N’ayez crainte! Il sera moins sujet à des grippes ou autres troubles pulmonaires s’il est gardé dehors, dans un environnement convenable que gardé à l’intérieur d’une écurie.
Le cheval naturel joue beaucoup l’hiver. Souvent, il finit par avoir même un peu trop chaud! Même à -40 degrés C! Mes deux thoroughbreds jouent beaucoup l’hiver. Ils adorent les tempêtes, c’est leur moment favori pour se défouler. Ils jouent tellement que l’on peut voir une vapeur autour d’eux. Après leurs jeux, ils se roulent tout simplement, se secouent, continuent à bouger, brouter et sèchent. Le plus important pendant les températures extrêmes est de s’assurer qu’il y a suffisamment de foin et d’eau. Le simple fait de brouter génère une chaleur considérable. Pour ce qui est de l’eau, contrairement à ce que les gens croient, la neige n’est pas suffisante. Le cheval boit plus de 12 litres d’eau par jour. Alors assurez-vous qu’il y est accès (l’installation d’un abreuvoir avec un fil chauffant vous facilite la tâche) Plus il bouge, plus il a chaud. En disposant le foin à des endroits stratégiques le forçant à se déplacer, vous permettez au cheval de maintenir sa température corporelle plus stable et de se garder en forme. Ceci ne sera pas difficile pour vous. Il va s’occuper à maintenir les sentiers battus et vous faciliter la tâche. Vous évitez ainsi le nettoyage difficile de leur abri. Celui-ci restera plus propre et ce sera plus agréable pour vous et votre cheval.
De plus en plus de gens gardent leurs chevaux dehors et en constatent les bienfaits. Plusieurs d’entre eux ont des chevaux de compétition de dressage, d’endurance et de saut, et ce, à différents nivaux. L’hiver ne les arrête pas! Alors vous aussi. Profitez-en!!!!
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Nadine Robichaud